V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

From Tribune (Kansas)

June 12th

TheFront Porch in MCPHERSON

S'est-il pris soudain pour la monture du Pony Express qui rallia Saint-Louis (Missouri) à Sacramento (Californie) en onze jours au mois d'avril 1860? Toujours est-il que Red Dog, ce chien de prairie, ce coyote, poussé par un vent favorable, m'a porté de MARION à MCPHERSON à l'allure record de plus de 13 m/H (21km/H). J'ai dû faire rougir les patins de freins pour l'arrêter devant
The Front Porch, une fraîche oasis aux verts et mauves irrésistibles. J'ai bien fait d'imposer ma loi à la bête parce que la Mamie Eva, le petit-fils David et la copine Angela m'ont entouré comme un coq en pâte. Ils ont exigé une photo, du coup j'ai sorti ma camera (appareil photo).


Avant mon départ, Angela m'a suggéré le motel
Days Inn. Je l'ai écoutée et j'ai bien fait: accueil très sympa, chambre confortable et ordinateur à disposition. Petit problème: la vieille bécane a chauffé et j'ai perdu deux heures de travail sur un dossier "routes" que je vous avais préparé! Dépité mais pas abattu, je me suis consolé au restaurant voisin avec une soupe à l'oignon et un saumon grillé (il ne manquait que le rosé).

On foot (à pied)

Le lendemain, le temps couvert au départ est un bon signe d'absence de vent. La route est très belle, très sure, et le trafic moyen. Quand le beau temps s'impose, vers 10H, la brise se lève sud. S'il n'y a pas péril en la demeure, je note un effet de souffle très important au croisement des véhicules lourds. Peu avant midi, je suis arrêté par le conducteur d'un camping-car qui m'avait dépassé quelques instants plus tôt en klaxonnant gaiement. De l'engin de Dick descendent deux jolis coquelicots coiffés d'un identique bandana rouge. Les donzelles s'appellent Patty Laatsh et Robin Grapa. Parties du Maryland avec de confortables chaussures et un sac conséquent, elles traversent les USA vers SAN FRANCISCO mais... on foot! Je leur dis: "I can't imagine such a trip" (je ne peux pas imaginer un voyage pareil). Elles me disent qu'il n'y a pas de différences d'esprit entre les randonneurs. J'en vois deux: la coiffure et le Red Dog.


Oil wells (les puits de pétrole)

J'arrive très tôt à GREAT BEND et la "zone" (commerciale) où, comme toujours, se trouvent les motels est à l'ouest de la ville que je traverse donc. J'ai déjeuné peu avant à ELLINWOOD chez John Henry, un restaurant où il y a beaucoup de pick-ups sur le parking, ce qui est toujours très bon signe. Heureusement d'ailleurs qu'il y a ce signe de vie parce que, même habitué, je me demande si c'est réellement un dinner: baraque en tôle, "John Henry's" sur la porte (le "s" signifie "chez") et un panneau "open" (ouvert). C'est tout. A l'intérieur, c'est bourré: ouvriers de tous poils, couples, jeunes et moins jeunes, rien que des habitués et ... moi. Si je dis ouvriers de tous poils, c'est justifié: au milieu des étendues de céréales sur lesquelles travaillent d'énormes engins agricoles, j'ai observé toute la matinée des puits de pétrole comme nous en voyions beaucoup autour de Lacq à une époque. Je ne savais pas que le Kansas était un autre Texas.

B&B

C'est donc dans la traversée de GREAT BEND que tout s'enclenche. J'aperçois le logo "library" qui m'incite à aller voir les heures d'ouverture et passe en revenant devant
The Great Bend Tribune, un journal. Je m'y arrête pour demander à la réceptionniste si elle ne connaîtrait pas par hasard un B&B. Elle en connaît un, décroche the phone et appelle pour voir s'il y a de la place: c'est libre et c'est 55$, le prix d'un motel bon marché. "Is it far from here?" (c'est loin d'ici?). C'est derrière la library! Quel pot! Je n'en serai pas quitte comme ça. Vous devinez ce qui m'arrive: on me demande une interview. OK, dis-je, but after the shower (mais après la douche). Quelques secondes plus tard, je suis accueilli par Phyll au "Lizzies cottage". Phyll est une petite femme simple et directe avec qui le courant passe. Elle me montre la chambre et me demande ce que je veux pour le breakfast du lendemain: coffe? eggs? bacon? fruit? jelly? Et moi: yes, yes, yes, yes et yes à tout. C'est croquignolet à souhaits; dans la salle de bains, la baignoire à l'ancienne voisine avec la petite vasque en cuivre et dans la chambre un grand ventilateur de plafond donne un peu d'air chaud à la commode de style et au grand lit bleu couvert de pillows (oreillers) décoratifs. Ce n'est pas encore ce soir que je dormirai sous la tente!

Au Great Bend Tribune

Chose promise, chose due: lavé et changé, je me présente au journal. Terry Spradley m'accueille. C'est un souriant moustachu très branché vélo. Il veut tout voir, tout savoir cartes sur table, et fait pas mal de photos dont celle du logo de Red dog (Il en a envoyé trois sur le mail d'Éric, vous les verrez). Arroseur arrosé, je le saisis moi-même devant son ordinateur où il consulte le blog. Au total, ce n'est qu'une demi-heure plus tard que j'arrive à la library pour vous envoyer le post précédent que je sauvegarde (voir "From Great Bend") avant de reprendre mon dossier "routes" perdu à MCPHERSON. Au moment de publier, Blogger m'annonce un problème de maintenance: deux heures de travail à nouveau perdues! Doublement dépité mais encore vivant je me fais conseiller un excellent restaurant mexicain où je me régale de chips de maïs et de haricots. Non mais!

Charles

Au retour, avant de rentrer mon vélo, je fais deux ou trois photos du Lizzies Cottage, quand je suis hélé par un mince et bronzé barbu qui fume la pipe sur le muret de l'église, de l'autre côté de la chaussée. Je reconnais un cycliste que j'avais vu passer dans l'après-midi quand je cherchais la library. C'est ainsi que je fais la connaissance de Charles.


Qu'est-ce qu'il fait, Charles? Du vélo, je viens de vous le dire. Il est parti de chez lui, c'est-à-dire de TAOS, au nord du New Mexico et il se rend à CHICAGO où vivent ses parents. Actuellement, il est en congé. Quand il travaille, c'est dans l'environnement et j'ai l'impression qu'il a pas mal bourlingué sur la planète. Il enseigne aussi l'Anglais à de jeunes étrangers. Côté vélo, il est responsable pour les USA de la mise sur pied d'un projet visant à faire chaque année du mois de juin "the world bicycle month", le mois mondial du vélo. Par exemple, il va organiser en 2007 une concentration des cyclistes américains dans le Kansas, centre des USA. Je lui ai demandé si la FFCT (110.000 members, Charles!) était dans le coup, il m'a donné une liste de pays anglo-saxons.


Il ne faut pas commencer à écouter Charles si on veut se coucher tôt. D'abord, c'est un homme de "parole" qui s'exprime doucement, posément, déroule à la perfection les mots et ceci dans un excellent "Anglais" (notez que je n'ai pas dit "Américain"!), un Anglais dont aucun mot ne m'échappe. Ensuite c'est un homme de Foi, lui aussi. Il me dit que Dieu travaille en lui et me parle de ses convictions religieuses dans des termes identiques à ceux de Pamela. Enfin, c'est un homme d'idées et de convictions, plutôt optimiste (rêveur?). Par exemple, il pense que les questions environnementales concernent de plus en plus de gens aux USA. Mais quand je lui dis qu'en un mois d'insertion dans cette société je comprends pourquoi les Américains font la guerre pour le pétrole, je sens que je lui fais du mal. Il me parle aussi avec beaucoup de force de sa famille et me dit que son père a débarqué en France le D day, le jour J, où il a été blessé deux fois. Quand je lui dis que personnellement, en tant qu'Européen, je pense devoir beaucoup aux hommes qui se sont sacrifiés ce jour-là, là je lui fais du bien. Bref Charles est une personnalité. Alité, moi, je ne le suis que très tard, mais sans regret.


So far, so good.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Trop c’est trop !

Jusqu’à présent tu pédales avec efficacité, philosophie et poésie en ignorant superbement les vicissitudes quotidiennes.
Par ailleurs les commentaires dithyrambiques qui commentent tes narrations sont légions. C’est le dernier qui m’interpelle.
Tu serais également « génial » ! Là je m’inquiète !
Que va t’il se passer si tu prends la grosse tête ? Le centre de gravité de l’équipage va se déplacer vers l’avant ! Quelle sera l’incidence de cette modification de l’équilibre ?
Que va t’il se passer si tes chevilles enflent ? La résultante « R » de la force de pression « F » sur le bras de manivelle « B » n’en sera t’elle pas affectée ?

Toutes ces affres pour te faire savoir que muet d’admiration je n’ai rien à dire, mais que je souhaites que tu le saches.

A+

7:55 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je suis d'accord avec jean-claude carrére, tu as déjà de grosses sacoches, si en plus tu as la grosse tête... It's a joke. Et les photos ? Envisages-tu une carriére de blogge trotter genre tintin en amérique, tintin en afrique etc....It's a joke again, mais Eric devrait faire un petit effort, y a pas que le travail dans la vie, je suis bien placé pour le savoir...Au plaisir de te lire.

9:02 AM  
Anonymous Anonyme said...

Re-bonjour my brother in law, aujourd'hui est un grand jour et je ne parle pas de France-Suisse en coupe du monde de foot; en effet nous venons de recevoir un coup de téléphone de teacher Sarah qui s'inquiétait de l'état de santé de broken knee. La conversation a rapidement dévié sur les pérégrinations commentées du pédaleur solitaire. Our teacher is tellement admirative devant tes performances(cyclistes, épistolaires...ou autres) quelle en est toujours au stade de la réflexion quant aux commentaires quelle pourrait faire. Cela nous promet peut-être un debriefing touristique et stomacal agité à ton retour,...penses-y! Voilà, continue dans la joie de l'effort car il est bien connu que c'est dans la difficulté que l'on s'épanouit.

12:40 PM  
Anonymous Anonyme said...

"anonymat et célébrité..récit de voyage..": as-tu jamais lu "voyage à travers les Cévennes, avec un âne", de Stevenson je pense (je l'ai là-haut dans ma bibliothèque, et je ne veux pas réveiller Yvonne): ce fut, il y a un siècle, un succès de librairie: remarquablement écrit, avec un humour britannique que tu maîtrises, le compagnon à 4 pattes causant plus de soucis que Red Dog. Je prends autant de plaisir à ton récit, naturel et sans emphase, agrémenté de photos, qui m'a fait devenir un supporter qui n'a qu'un souhait, que tu termines vainqueur de la finale. bonne route.

11:24 PM  

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