V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

From Marion (Kansas)

June 6th - Library

J'avance, j'avance. J'avance vite, très vite. Trop vite? Je vois ces jours de plaisir qui me filent entre les doigts comme du sable fin.

J'ai donc décidé hier de jeter mes guides de chaînes de motels et de remettre mon sort nocturne entre les mains de l'incertitude et du hasard. Aujourd'hui par exemple, j'ai pointé le doigt sur la carte et j'ai dit: Marion.


Jackpot! Une petite ville très typée, des restaurants familiaux comme je les aime, la banque dix mètres plus loin, une library super équipée où on m'installe sans formalités et un motel de campagne qui bat tous les records en rapport qualité/prix avec une chambre qui sent bon le drap frais pour... 37$, même pas 30€.


Bref, le rêve continue.


Que s'est-il passé en quatre jours à part deux orages qui n'ont pas déchaîné autant de foudre dans le ciel que de passion et de quolibets dans les comments? (A ce sujet, afin que ce blog garde une certaine allure, je souhaiterais que chacun conserve son sang-froid, même si je peux comprendre que l'été échauffe les esprits, et désirerais que les comments ne servent pas de défouloir surtout venant de personnalités civiles et militaires. N'oubliez pas que nous sommes lus par des publics très divers et notamment par des étrangers qui pourraient avoir du mal à suivre nos… gauloiseries. Merci)


Les rencontres

Au soir de SEDALIA, il y a eu Marina, toute jeune étudiante employée pour l'été dans le restaurant où je suis allé dîner en face du motel. Elle était émue Marina, elle qui apprend le Français, de côtoyer pour la première fois de sa vie un rejeton de cette espèce, avant son voyage en Normandie l'an prochain. Contre une petite leçon de Français, j'ai été choyé.


Le lendemain matin, samedi, j'ai commencé mon étape par 20 miles de rêve sur une autre portion du Katy Trail au milieu des lapins et des écureuils qui couraient dans tous les sens. Avant de quitter le trail pour une très belle et calme route, j'ai rencontré trois cyclistes de l'Arkansas qui parcouraient le trail par étapes: Jeff, Joanne et devinez qui… Suzanne! Et oui il y a des Suzanne même en Amérique. Je lui ai dit: "Suzanne, comme ma sœur", mais en américain ça n'avait pas le même relief qu'avec l'accent de Fernand Raynaud. En tous cas elle était très excitée que je sache écrire son prénom sans erreur d'orthographe sur le note-book (notez qu'on excite les Américaines avec très peu).


Ce matin, à STRONG CITY, dans un restaurant/station service qu'il ne fallait pas laisser de côté au risque de faire les 33 miles suivants le ventre vide, j'ai fait la connaissance de Brenda et Raymond Dyck, de MONTEREY (California), et d'origine Sud-Africaine. MONTEREY: les amateurs de Walt Disney et surtout de Zorro feront tout de suite la relation. Quant 0 moi, j'ai été séduit par leur amicale affabilité. S'il me reste du temps, à l'arrivée, ils m'ont invité à venir séjourner chez eux (MONTEREY est à 150 miles de SAN FRANCISCO). Raymond n'a qu'une semaine de congé, mais Brenda, qui est professeur et qui parle remarquablement le Français, est en vacances jusqu'en août.

Au sujet de la restauration, après une déconvenue dimanche qui m'a obligé à déjeuner... à 15H, j'ai décidé de changer de tactique. En effet, plus j'avance vers l'ouest, plus l'offre se raréfie. Les breakfast sont donc devenus un peu plus significatifs afin de traverser bien nourri de longues étendues vierges de toute oasis. Aux traditionnels café/toast confiture/ oeufs et bacon j'ai ajouté hamburger et hashbrown (mi-frites/mi-purée, un régal). Avec ça, je peux tenir.

La route

Depuis quatre jours, elle est magnifique. J'ai donc affronté deux petits orages, mais globalement le temps est beau, splendide aujourd'hui et très chaud. Redevenu une horloge de précision depuis l'intervention des deux spécialistes, Red Dog étincelle sous le soleil. La route est droite (27 miles de ligne droite dimanche matin, 44km), mais toujours agréablement vallonnée et donc jamais ennuyeuse. D'ailleurs, d'une manière générale, je ne m'ennuie pas; tout m'intéresse: les cultures, le bétail, le paysage, l'habitat, les transports de marchandises dans le trafic des trucks, etc.

Ce matin a marqué une rupture. Je suis arrivé dans une région de prairies, les "Flint Hills", qui n'ont pas été modifiées par l'avancée de l'hommes blanc et qui sont donc dans leur état originel. Il y pousse toujours une herbe grasse, le "Bluestem", qui fait le bonheur de milliers de têtes de bétail. C'est un océan de "vert" qui m'a fait beaucoup penser à l'autre océan, le vrai. Partout, des ranchs, des troupeaux de vaches, des stades de rodéo, des villages qui sentent le western et, par-dessus, un ciel d'un bleu intense. Au milieu est la route, blanche, rectiligne, lisse. Après COTTONWOOD FALLS, j'ai osé une county road absolument déserte qui gravissait silencieusement la colline entre quelques arbres rabougris. Dans le fossé, des tâches de fleurs m'ont fait de l'œil. Je me suis arrêté et je les ai photographiées pour vous, sous leur meilleur profil. On m'aurait dit il y a deux mois que je me retrouverais seul sur une route isolée, à plusieurs miles de tout lieu habité, sans que personne sache où je suis ça m'aurait oppressé. Et bien, croyez-moi si vous le voulez, c'est au contraire très relaxant. Et c'est le bonheur.

Un pas de plus vers la gloire

A peine sorti de la library (joliment installée dans une ancienne gare) où j'étais allé consulter les horaires pour vous envoyer ce post, j'ai été abordé par un jeune homme, Mike Norris, journaliste au Marion County Record, le canard local. Il désirait m'interviewer au sujet du voyage. Je lui ai demandé une petite demi-heure pour aller réserver le motel et me rafraîchir. J'étais à MARION depuis à peine une heure, j'avais juste déjeuné et j'étais passé à la banque pour un nouvel American Express hold up. "Mais, lui ai-je demandé, qui vous a parlé de moi? - Ma femme travaille à la banque". Ah! Évidemment, comme ça, c'est facile! Ce sont des réseaux! En tout cas, je vais pour la deuxième fois faire la une, puisqu'il y a eu passage à la question en règle dans un salon de la library et photos. Je vous l'ai déjà dit, je crois que je suis passé de peu a côté d'un bon business sur cette terre d'Amérique. Enfin! On s'amuse, c'est déjà ça!

So far, so good.

7 Comments:

Blogger henri dusseau said...

bonjour à toi, promeneur éminent, aventurier poète. Quel bonheur de lire tes "aventures" qui, comme je te l'avais prédit vont transformer ta vision du monde, donc des hommes.........et des femmes
Henri de Saint Jorioz

7:31 PM  
Anonymous Anonyme said...

Nouvelles photos, et enfin des longhorns, il ne manque plus que le cowboy marlboro pour faire couleur + locale. A+

4:25 PM  
Anonymous Anonyme said...

Pourquoi veux-tu que je traduise, j'ai très bien compris!

5:11 PM  
Anonymous Anonyme said...

Que de vert! Ca nous change des prairies et jardins grillés par le soleil de la région toulousaine (la canicule n'est pas loin...). Bon, afin que tu ne sois pas trop déconnecté et au cas où un fan de soccer te tomberait dessus, chaque que l'équipe de france de foot est effondrée suite à la blessure d'un de ses attaquants. Eh oui, nous, on fait face à des choses graves pendant que tu batifoles aus states. D'ailleurs on pourra noter la maigre participation du jour de J de J, qui doit être en train de recomposer son équipe type, laminé par l'angoisse. A moins qu'il ne bûche sur les traductions que tu as osé lui soumettre pendant sa paisible retraite.
Allez, bisous à mes deux quinquas préférés!

5:42 PM  
Anonymous Anonyme said...

Je me réveille en venant de découvrir que tu étais à quelques coups de pédales de Dodge city dont le sheriff le plus glorieux fut un certain Wyatt Earp (butch cassidy et le kid),mais tu dois le savoir...C'est le far west de notre enfance! Tu vas bien finir par voir un cow boy tout de même!

8:56 PM  
Anonymous Anonyme said...

Salut de Jurançon,
Fait-il aussi beau sur ta route qu'ici ? Nous profitons bien du soleil et des images et récits que tu concoctes pour la foule de tes lecteurs et supporteurs.
Nous sommes entrés sur tes talons dans ce Far-West qui nous a fait rever : c'est aussi chouette que dans nos souvenirs et y aller en se le méritant comme toi, c'est encore mieux.
En plus le velo s'avere un vecteur de communication simple et libre qui amadoue les obstacles : encore faut-il continuer de pédaler ?
Ciao, Tonton Didier

11:46 AM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour Bernard! Je suis James de Kansas et j'ai lit votre histoire de voyage dans le Marion County Record et j'ai decide qu'il faut vous envoyer un mail. Je suis de Marion mais maintenant ma femme et moi vivent a Emporia, just a l'est de Cottonwood Falls. En fait, nous sommes membres d'une petite eglise a Cottonwood qui s'appelle L'Eglise Communaute de Flint Hills. Il y a pleine des "cowboys" la, si vous voudriez les rencontre! Il faut que vous revisitez Kansas et les Flint Hills! Il y a pleine des choses a voir ici!

Simplement pour s'amuser, les fleurs dans votres photo sur le route "county road" qui sont oranges, ils s'appellent Indian Paint Brush. Les indians qui habitaient a Kansas les utilisaient pour peindre leurs visages.

Donc, si vous voulez, envoyez-me un mail a situveux1@yahoo.fr. Je voudrais communiquer avec vous!

PS - Excusez-moi pour mon francais mais c'etait un longtemps que j'etais en France et comme vous pouvez imaginer, je ne practique jamais en Kansas!

9:20 PM  

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