V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

From Jefferson City (Missouri)

May 31st – 6pm (18H) – Hôtel De Ville

Les journées de repos ne sont pas forcément les moins intéressantes, jugez-en plutôt.


Les nécessités

Depuis quelques jours, le changement de vitesse me joue un mauvais tour: la chaîne ne tient plus sur le grand pignon et je me suis rendu compte hier dans un 14% que c'était vraiment ennuyeux. Par ailleurs, la disposition de mes réseaux de motels m'oblige soit à une très longue étape soit à une étape croupion suivie d'une normale. Enfin, j'éprouve la nécessité d'acquérir un short plus confortable, l'un des miens m'ayant légèrement blessé. Je décide donc de m'accorder une demi-étape de repos en descendant plein sud sur une curiosité de la région, le Katy Trail, avant d'obliquer ouest vers JEFFERSON CITY, capitale du Missouri, où j'espère trouver un magasin de vélos.

Le Katy Trail

De KINGDOM CITY où j'ai fait étape dans un excellent motel (encore une bienfaitrice qui m'a fait en tant que cycliste et Français une bonne remise), j'emprunte une de ces petites routes d'État que j'affectionne, avec revêtement parfait et très faible circulation, alternance de portions plates et de quelques côtes. Entre parenthèses, le Missouri est très agréable. Ce sont des paysages de moyennes exploitations agricoles, entrecoupées de haies et de petites parties boisées, qui n'ont rien à voir avec les open fields du Midwest.

En 20 miles, je rejoins le petit village de MOKANE et son accès au Katy Trail. Alors, ce trail, qu'est-ce que c'est? Je regrette de décevoir tous les romantiques qui me lisent, mais ça n'a rien à voir avec une piste (trail) qui aurait été ouverte par la jeune et décidée Katy. C'est tout simplement une piste cyclable créée sur le tracé d'une ancienne voie de chemin de fer, le Missouri-Kansas-Texas Railroad, en abrégé MKT qui se prononce "aime-kei-ti" comme... Katy (keiti). Ce trail a une autre particularité historique: il suit le chemin emprunté au début du 19ème par les explorateurs de l'ouest américain, Lewis et Clarke.

La piste est en sable stabilisé, en excellent état (je n'ai noté aucun trou sur les 20 miles du parcours). Avantage d'un tel parcours, la pente est légère puisque les trains ne sont pas comme les vélos (voir le spécialiste Jacques de Sendets), ils n'aiment pas les 14%. Autre particularité de l'endroit: le chemin court dans un couloir de verdure avec petits ponts métalliques planchéiés de bois qui sautent des rivières cachées, au milieu du silence, avec une abondante faune; j'ai vu des écureuils, une tortue (voir photo), beaucoup d'oiseaux multicolores notamment le Meadow lark jaune et orange. Sur cette piste, il n'y a même pas l'inconvénient de la monotonie puisque des trouées dans la verdure laissent de temps en temps apercevoir le paysage. Et évidemment, suprême délice, les camions sont à 40m de là, sur la route.

Et puis il y a les cyclistes, en voici enfin, pas des masses mais... J'ai d'abord rencontré un couple (jeune), un autre (âgé, je veux dire plus âgé que moi), un troisième sur un curieux tricycle couché à deux places en ligne avec monsieur devant et madame derrière (Philippe Meyer doit connaître, lui qui possède presque tous les types de vélos et pourra sans doute nous en parler), et enfin j'ai rencontré Jane et Tim.

Ils sont de KANSAS CITY et parcourent le Katy à l'occasion de leurs congés. Nous commençons à bavarder, ils ont passé la nuit à JEFFERSON CITY, à l'hôtel De Ville et m'en disent grand bien. Ils ont un roadbook du Katy et me donnent deux adresses de bike shops. Nous prenons quelques photos et nous souhaitons bons voyages respectifs.

Le café des Luxembourgeois

L'inconvénient de toutes les pistes cyclables, c'est qu'on n'y trouve rien à manger (n'est-ce pas Hélène sur le canal du Midi?). Me voici donc à JEFF CITY à 13H passées, complètement affamé. Après quelques divagations, je demande une adresse à un ouvrier sur un chantier d'électricité. Il m'indique le "Cafe Via Roma". C'est un bon coup: non seulement j'y mange, mais en plus la patronne parle français, elle a vécu trois ans au Luxembourg. Je lui demande où se situe l'adresse d'un B&B qu'Hélène a repéré sur internet. Elle ne trouve pas. J'ai le téléphone, elle appelle. C'est complet. Elle appelle un autre endroit: complet aussi. Nous bavardons; le vélo, elle connaît: ses beaux-parents ont tenu un magasin de vélos à Luxembourg pendant des décennies et son mari a participé à Durango aux premiers championnats du monde de VTT. Son mari est à la maison, elle l'appelle, me le passe. Des deux adresses de bike shops que m'ont donné Tim et Jane, il m'en recommande une. Il me propose de venir dormir chez eux, mais c'est loin (7 miles) et sur la route express à quatre voies avec circulation infernale. Je le remercie, mais je préfère rester en ville.

J&D Bicycle shop

Après le repas, je me rends à l'hôtel "De ville", que m'ont conseillé les cyclistes de KANSAS CITY et que j'ai repéré avant de manger en tournicotant. C'est un beau motel. La chambre est tout à fait dans mes prix, il y en a une (très jolie) au rez-de-chaussée, non fumeur, et on peut rentrer le vélo. On me donne des documents touristiques.

Je ne rentre pas le vélo. Je me rends tout de suite au magasin de cycles. Je suis accueilli par deux messieurs assez âgés et un jeune homme. Je leur explique le problème, nous déchargeons tous les bagages et Red Dog passe sur la table d'opération tandis que je pars vers la cabine d'essayage. A peine ai-je choisi mon short que le vélo est réglé, roue-libre et pignons nettoyés par le jeune homme qui n'a pas l'air d'être un manchot en mécanique. Jo et Don Meyer ne me font payer que le short (extrêmement confortable et qui ne me ruine pas!), la réparation, c'est leur participation au trip. Je demande une photo de ces nouveaux bienfaiteurs.

JEFFERSON CITY

Après la douche il ne me reste plus que la flânerie en ville. JEFF CITY est la capitale du Missouri, mais ne compte que 45000 habitants. C'est très peu à côté des énormes villes que sont SAINT-LOUIS et KANSAS CITY. Elle tire son nom du Président Jefferson qui n'était pas un nul en affaires puisqu'il a apporté le Missouri à l'Union en achetant la Louisiane à qui vous savez, celui qui faisait la guerre et n'avait plus de picaillons. Dire que le Missouri pourrait être aujourd'hui un département d'Outre-Mer! Le monument le plus remarquable est le capitole. Voici le Capitole, j'y arrête mes pas. Non, nous ne sommes pas à Toulouse! Il y a aussi quelques maisons du 19eme pieusement conservées, témoignages de ce qu'était l'embryon de ville au bord du fleuve Missouri, notamment le Union hotel qui date de 1855 (comme les chaussures Menou, c'est la seule chose que moi, Européen, je lui trouve de remarquable). Quant 0 l'hôtel De Ville, où je ne compte pas entamer une carrière politique, rassurez-vous, il offre les services d'un bon restaurant vers lequel je vais me diriger de ce pas.

Dès que j'aurai ajouté: so far, so good.


7 Comments:

Anonymous Anonyme said...

23h35, 2°essai! mon 1° n'est pas passé! Je disais donc que tout semble maintenant bien rodé, le cycliste conte et photographie, il pédale aussi, normal pour un cycliste, le routeur route et nous pauvres lecteurs nous lisons. Une question cependant, ne te passionnerais-tu pas pour les ponts aux US, tu en as photographié une bonne dizaine, certains 2 fois, le génie civil de la famille va apprécier!
Une grande nouvelle, le tapis est arrivé, on te raconteras au retour...Bonne nuit, à demain soir!

12:06 AM  
Anonymous Anonyme said...

Cher Bernard. En ce 2 juin matinal, quelle joie de savourer tes propos et de découvrir tes photos,et enfin de te voir chevauchant Red Dog à Jefferson City au coeur du Nouveau Monde. J'ai été naturellement sensible à "Katy (Trail)", voisine quant à l'origine de la piste de Lourdes à Pierrefitte-Nestalas. La douceur de leurs reliefs ex-ferroviaires est très agréable au contact, il va de soi qu'il n'y a aucune ambiguïté dans mes propos... Tonton Didier te posait récemment une question très intéressante, relative à tes pensées, au fil du temps, sur le vélo. Poursuivons sur ce thème : tu as quitté le Béarn il y a une quarantaine de jours, comment ressens-tu ce temps ? As-tu l'impression que tu es parti depuis plus ou moins longtemps ? perçois-tu une différence entre ce ressenti du temps sur le cargo ou sur ton "rouge chien" ?
Très bientôt nous allons rejoindre ensemble à Newton(à une quarantaine de km au Nord de Wichita dans le Kansas)la "Transamérica",et à partir de là, grâce à l'introduction de ton voyage, nous connaîtrons mieux le parcours à venir. Encore bravo, et le bonjour à toute la famille.

11:16 AM  
Anonymous Anonyme said...

From Jurançon City (Aquitaine)
A la veille de la Pentecôte (fête des cyclistes?)
je viens enfin saluer ton exploit et ta poésie...
Je vois que le plus dur reste à faire..mais tu surmonteras..je le sais..
Je fais l'Aubisque c'est après-midi pour t'accompagner..

11:36 AM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour Bernard,

C'est maintenant devenu une habitude : le matin, quand j'allume mon ordinateur, je fonce sur Internet pour lire les dernières nouvelles de votre traversée. Chaque fois, je me régale : quand il n'y a pas de nouveau post, je relis des passages des anciens ou je regarde les photos ou je vais sur google earth pour essayer de deviner quelle sera votre prochaine étape.
Encore bravo pour tout cela : j'imagine que vous vous faites plaisir, cela se sent dans vos récits et dans votre manière de décrire les choses que vous voyez ou les gens que vous rencontrez. Mais, j'imagine aussi que vous faite plaisir à beaucoup de lecteurs, ceux qui vous font des commentaires comme les autres.
Juste une question : ne croisez-vous jamais d'autres voyageurs comme vous, quelque soit leurs moyens de transport ou leurs parcours ?
Bonne route !
Gilles-Laurent

9:45 AM  
Anonymous Anonyme said...

Après une agréable journée au Lac de LOURDES avec Hélène et quelques membres de l'A.B.C.,nous tenons à te remercier pour les bons moments que tu nous fais passer à la lecture de tes récits qui nous font découvrir toutes les facettes de cette captivante chevauchée et aventure américaine. Courage à toi, nous pédalons tous les jours avec toi, même si nous faisons beaucoup moins de miles que RED DOG.
J'ai prévenu les rédacteurs de la revue Cyclotourisme afin qu'ils décuplent leur pagination, pour que tu puisse narrer à d'éventuels aventuriers ta merveilleuse aventure.
Michel & Maddie

1:00 AM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour Bernard,

Je constate à la lecture de tes péripéties que tous va bien et même très bien puisque tu va nous revenir avec des fesses en béton armé...
Jean-Pierre MELIANDE attaque se jour son nouveau tour de France Cyclo US Métro mais en solitaire cette fois...

Ton ami JRL

9:16 PM  
Anonymous Anonyme said...

Hello Bernard !
C'est Hélène, la fille d'Helga qui s'inquiète de savoir comment tu vas et qui désespère de ne savoir se servir d'internet toute seule pour suivre tes aventures.
Elle m'a ainsi dit que c'est notre ami Gilles-Laurent (aussi appelé M. le compte, mais ça, c'est une autre histoire, hi ! hi !!!)qui finalement fait le lien entre vous. En relisant l'ensemble des commentaires du blog, j'étais morte de rire en voyant que c'est effectivement le cas !
BREF, si t'as un moment et si tu le peux, passe lui un coup de fil, ça lui fera plaisir ! (03 88 69 69 20, et n'hésite pas à laisser un message si elle n'est pas là).
Bravo pour ce fabuleux récit et ces photos....Moi qui rêve de traverser les states en cadillac rose décapotable, ces paysages ne font que raviver cette envie de voyage !
Hey, Gilles, why not la route 66 en cadillac, hein ????
Bonne route Bernard et à tout bientôt !!! COURAGE COURAGE !!!
Hélène

3:07 PM  

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