V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

From Pueblo (Colorado)

June 15th

(Au pied des "Rockies") I wonder...

I wonder, je me demande, je me demande ce qu'ont dû penser les premiers chercheurs de l'Eldorado, les premiers traqueurs de fourrures, en voyant, tout d'un coup, surgir devant eux, au-dessus des Hautes Plaines, cette énorme masse sombre.
Ont-ils cru à une illusion?
Ont-ils pensé que les dieux leur envoyaient une punition?
Ont-ils confondu avec un violent orage montant de l'horizon dans une journée en fusion?

Je vais émettre une hypothèse historique. Il y avait peut-être parmi eux un Béarnais, présence d'autant plus plausible qu'à l'époque les liens avec l'Espagne étaient très forts (ça, c'est pour l'Eldorado), et de nombreux cadets privés de terre se sont exilés en Amérique (ça, c'est pour les trappeurs). Alors ce Béarnais là aura sans doute lancé comme moi ce matin un admiratif: "Hilh de puta!" (prononcer hhhidéééput, en aspirant bien le "h", en appuyant la voix sur le "é", et en laissant tomber le reste).

Cette expression, dont la richesse est pratiquement impossible à apprécier pour les natifs extérieurs à une aire s'étendant de Garlin à Bedous et d'Aramits à Lestelle (consulter au besoin une carte du Béarn), ne sort d'entre les lèvres que pour les très grandes occasions. Un charcutier de Laruns, auteur d'une somme la concernant, a prétendu qu'elle viendrait du latin "putare". Je ne me prononcerai pas sur ce point, n'ayant pas les qualités pour en discuter. Mais, puisque je suis dans un pays dont la langue est d'origine anglo-saxonne, je dirai qu'on aurait pu, à défaut, très pauvrement, la remplacer en so british par un "my God" des jours de sacre, et en Américain teen-ager entendre un "Wouahouhhhh!" borborygmisé.

Vous le savez, la plupart des mots historiques n'ont pas été prononcés ("Il est encore plus grand mort que vivant", "merde, tirez les premiers Messieurs les Anglais", "c'est de la merde dans un bas de soie", j'en passe et des meilleurs). Voilà une expression qui n'est pas historique et qui a été prononcée, au moins ce matin.

Je laisse les exégètes assurer les commentaires en exprimant toute ma confiance sur ce point aux Jean (-Claude), Jean (-Marcel), Jean (-Louis), John (from J), gens (du Junqué) et anonymes divers. Mais surtout, n'en faites pas une montagne!

So far, so good.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je n'irai pas jusqu'à douter de la présence de béarnais dans les convois de la ruée vers l'or, mais je suis par contre sûr qu"il y avait beaucoup de basques! Nous avons toujours eu l'âme aventureuse...Tu fais d'ailleurs avec ce grand périple un énorme pas vers une hypothétique naturalisation! Bon courage, prends nous de belles photos.

8:27 AM  
Anonymous Anonyme said...

J'ai commis une erreur! Ayant omis de signer mes élucubrations une 1°fois, j'ai voulu revenir en arrière et j'ai insérer ma signatures au mauvais endroit désolé, mais je viens de me lever...

8:29 AM  
Anonymous Anonyme said...

En allant sur son site http://www.vallee-ossau.com/boucherie/coudouy/index1.html on peut lire

.. Le ciel pour y aller il faut beaucoup grimper..

Allez ! hilh de pute ! tu l'auras !

Amitiés S&JC

2:27 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour Bernard,

Ne vous connaissant qu'à travers le récit de vos aventures et les belles photos que vous nous envoyez, j'hésite mais ne résiste pas à entrer dans l'exégèse de cette noble formule que vous avez prononcée aujourd'hui, lorsque vous découvrîtes l'invraisablable cause de vos efforts à venir.(Veuillez noter et accepter que, plus je vous lis, plus j'ai l'impression d'entrer dans une part non négligeable de votre intimité d'Homme - je ne sais pas ce qu'en pensent vos amis, alliés et familiers, mais votre blog est sûrement un bon moyen de vous "apprendre").
Or donc, sans en faire une montagne, j'aurai tendance à considérer que votre "hild de puta" pourrait se traduire dans d'autres idiômes par des formules tout aussi fièrement intraduisibles. Je vous fait grâce de la version castillane (plus volontier usitée en Amérique latine d'ailleurs) pour me concentrer sur l'occitan qui a plutôt tendance à tirer ses expressions traduisant l'énormité de quelque chose du monde divin. Je vous propose donc, lorsque vous serez au pied d'une de ces petites collines qui vous attendent, de lancer, entre vos dents, lèvres pratiquement fermées : "miladiou !" (insistez bien sur le "a" et le "ou" : plus vous ferez durer celui-ci, plus vous exprimerez l'immense intensité de l'effort qui vous attend). Une fois arrivé au sommet, comme en réponse à l'écho que votre discret "miladiou" aura provoqué en rebondissant sur toutes les parois du coteau, vous n'oublierez pas de prononcer "macarel !" en mettant l'accent tonique sur le second "a" et en laissant s'envoler loin devant vous le "l" (on ne sait jamais : il peut vous aider à vous envoler directement au prochain sommet sans passez par la case "montée").
Je me permets de vous offrir ces deux mots simples, utilisés fréquemment par les paysans de par chez moi, aux confins du Tarn et de l'Aveyron, dans une région où l'effort n'est pas rare mais les paroles comptées. Veuillez, Bernard, considérez ceci comme ma contribution du jour aux encouragements que vous méritez et dont, visiblement, vous savez faire le plus parfait usage.
Take care
Gilles-Laurent

11:29 PM  

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