V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

La trilogie new yorkaise
(3 au 5 mai)

"et c'était finalement tout ce qu'il avait jamais demandé aux choses: être nulle part. New York était le nulle part qu'il avait construit autour de lui-même" (Paul AUSTER: "Trilogie new yorkaise).

Gerry and Arlene Brooks


Gerry arrive a 11H15. Il s'est perdu dans Newark. Le premier contact est très agréable. Ne perdons pas de vu que je ne connais cet Américain que par e-mails. De taille moyenne, cheveux grisonnants (il a 68 ans), Gerry est souriant et parle un langage a ma portée. Rapides présentations, embarquement du matériel dans le "Subaru" et direction New York par un réseau d'autoroutes péri-urbaines compliqué. Juste avant le tunnel qui passe sous la Hudson River, Gerry me promet un superbe panorama sur les tours de Manhattan: promesse tenue.

Nous arrivons chez lui, dans "Upper West Side". Manhattan est divisée en quartiers. Celui-ci est au nord-ouest. L'ascenseur nous propulse au 27eme étage, Gerry, moi, les bagages et ... Red Dog. Ici, les vélos dorment dans les appartements. Je fais connaissance de la souriante Arlene, aussi décontractée que son mari, mais que j'ai plus de mal a comprendre.

Vivre a New York


Gerry et Arlene vivent depuis trente ans dans cet appartement composé d'un grand living room/dining room, d'une très grande chambre et d'une autre plus petite où je vais dormir, d'une kitchenette et d'une petite salle d'eau. Ils y ont trois ordinateurs et deux vélos. Comme dans toutes les grandes villes de la planète, ils m'expliquent que New York est de plus en plus réservée aux riches et la classe moyenne a du mal à s'y loger.

Premiers pas dans la ville


Nous entamons la demi-journée par une promenade à pied dans Central Park tout proche, sur l'allée même où court Dustin hofman dans "Marathon Man", contournons le théâtre Shakespeare, le grand Réservoir (un lac) et longeons "The great lawn" ou Simon et Garfunkel donnèrent leur célèbre concert en septembre1981. Puis nous quittons le parc. Un bus nous transporte a Columbus Circle où nous déjeunons vers 14H30 au pied d'un gratte-ciel en verre récemment bâti. L'endroit est splendide. Tout le rez-de-chaussée regorge de produits alimentaires. J'y achète du pain de régime.

Ensuite, toujours à pied (cela me change du bateau!), direction l'opéra et les espaces culturels qui l'entourent. Il y a foule sur le parvis pour voir un illuminé qui s'est enfermé dans une sphère d'eau pour plusieurs semaines. Accédant à un de mes désirs exprimés, Gerry et Arlene me conduisent plus tard à l'AAA (automobile club) dont ils sont membres. Je m'y procure gratuitement toutes les cartes routières dont j'ai besoin jusqu'au Kansas.

Arlene est blessée au pied. Elle a déjà beaucoup marché et reprend donc le bus. Je souhaite continuer à pied. Gerry m'explique: 20 "bloks" font 1 mile. Il me montre de très beaux immeubles anciens, façades style art-déco. Je suis très attiré par les immeubles de hauteur moyenne, en brique rouge, escalier de secours extérieur. Beaucoup sont rénovés mais, m'explique Gerry, maintenant inaccessibles aux bas revenus (voir ci-dessus).

Le Président


Le repas du soir me confirme ce que j'avais pressenti a midi: il va falloir très vite changer d'habitudes alimentaires. Par exemple, on commence par un self-service de légumes crus trempés dans des sauces. Tout est sur la table, on n'est pas encore assis et on mange sur le pouce. Après plusieurs heures d'intense attention pour tenter de comprendre la langue, je décroche un peu et, au bout d'un moment, je ne sais plus très bien ou j'en suis, si je dois manger ou pas. J'en perds mon Anglais. Je le retrouve un peu dans la conversation qui suit le dessert. Gerry et Arlene ont les mêmes inquiétudes que nous sur l'avenir, notamment pour les jeunes. Par ailleurs, ils ne portent pas dans leur cœur la politique du Président et sont totalement opposés à la guerre en Irak.

Clarté sur la ville


Hurlement strident des sirènes qui remplissent les espaces entre les "bloks", grimpent le long des murs et s'insinuent dans les intérieurs, géométrie de l'angle droit, du rectangle et du quadrilatère, légèreté et majesté du Verrazano Bridge doré par le soleil levant: je ne peux ni fermer les oreilles à ces cris déchirants, ni détacher mon regard de cet étrange ordonnancement, ni rester insensible a cette somptueuse clarté. New York me réveille et me scotche a la baie vitrée.

Upset


Enfants de Brooklyn tous les deux, Gerry et Arlene ont passé depuis longtemps l'âge de ces émotions. Ce matin, leurs préoccupations sont ailleurs. Arlene est enrhumée et Gerry victime d'une bonne indisposition intestinale. En voyant son visage vert, je comprends tout de suite que la sortie en vélo dans Central Park ne sera pas possible. Il reste la deuxième partie des projets évoqués la veille: visiter le cœur de NYC (New York City). Malgré le plaisir que m'aurait procuré leur compagnie, je peux me débrouiller seul. A 11H du mat, me voilà donc parti en expédition. Le temps est estival.

Downtown

L'idée s'impose tout de suite de me faire plaisir, et rien d'autre, en jouant le touriste pur et dur. A ce jeu là, pas de demi-mesure: Empire State Building, fifth avenue (5eme avenue), Broadway, Time Square, Macy's, Herald square, Madison Square Garden et j'en passe. New York n'est pas tombée sur un ingrat. Tout m'attire: les taxis jaunes, les school bus, les trucks, les policiers de proximité, les travaux, les agents de circulation, les Starbucks Coffees, les néons, les panneaux de rue. Il est midi, les rues grouillent d'hommes élégants et de jolies femmes, l'ambiance est détendue. Dans le restaurant où je déjeune, ça papote sans stress. Dans Herald Square, les New Yorkaises dorent au soleil en mangeant des glaces.

Liberty Statue


Généralement, les Français sont attirés par un autre monument. Avant de m'y rendre, je contacte à tout hasard Helga qui, au cas où, m'avait donné le téléphone de son hôtel. Helga est là, et elle n'a pas de projet. Nous sommes heureux de nous retrouver. Pour elle, ça va couci-couça. Elle a dû mettre ses lunettes noires au sommet de l'Empire State et quand Helga cache ses yeux, ce n'est pas bon signe. Pourtant, cheveux coupés et vêtue d'été, je me dis que la femme que j'ai connue sur le port de Fos est bien loin. Nous joignons donc nos solitudes pour nous rendre a Battery Park, au plus près possible de Liberty Island, ou s'élève notre chère statue de la Liberté. Au confluent de l'East River et de la Hudson River, nous nous laissons caresser par le vent de mer. Financial District tout proche nous attire dans ces rues où s'est joué à certaines heures le sort économique de la planète: nous sommes dans la rue ou siège le Stock exchange, Wall Street.

C'est bien


Après tous ces lieux si communs, nous revenons vers Park Avenue pour nous rafraîchir dans un bar. Helga m'indique un magasin qui vend des cartes pour les appels internationaux, avant que nous nous disions un adieu, cette fois définitif. Je ne suis pas très à l'heure pour rentrer, et je choisis donc de héler un taxi. Je tombe sur un noir super sympa, qui joue les guides de bout en bout. Arlene a cuisiné un excellent poisson. Gerry est encore patraque. C'est donc avec son épouse que j'ai le plaisir de visionner les photos sur le portable jusqu'à une heure avancée. J'ai passé une magnifique journée: New York, c'est bien.

En vélo dans Central Park


Les premiers tours de roues sur le sol américain dans Central Park: je jubile! Le parc est fermé à la circulation motorisée pendant la journée. Joggers, rollers et cyclistes sont les maîtres des lieux. Malgré sa petite forme, je pense que Gerry a vraiment plaisir à rouler avec moi et à me faire découvrir toutes les richesses de cet immense espace vert. Et le Menou, est-ce qu'il sait encore pédaler après trois semaines de bons repas bien arrosés, hein? Et bien, ça va. Disons qu'on reprend doucement. Après un petit arrêt dans une banque pour changer les travellers cheques, nous repartons en vélo sur les bords de la Hudson river: bon début, même si les côtes ne pullulent pas.

L'après-midi est malheureusement gâchée par l'achat d'un mobile: près de 5H ou je ne comprends à peu près rien de ce qui se passe. Du coup, Chinatown où nous devions dîner est remplacé par un restaurant parisien sur Broadway Avenue. J'ai à peine le temps d'offrir quelques fleurs à Arlene et en plus c'est évidemment moi qui régale. Mes amis acceptent de bonne grâce, ce qui simplifie les choses. C'est un petit "merci" pour un grand accueil.

Demain, la grande aventure commence.


2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Nous ne sommes pas de grands internautes aussi avons-nous préféré avoir de tes nouvelles de vive voix par Hélène et nous comptons sur ton livre……a ton retour
Bon courage nous sommes de tout Cœur avec toi

Nicole et Jean Louis

8:29 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bravo Bernard.
Tes récits sont passionants.

Amitiés- JRL

8:11 AM  

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