V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

Grandes Découvertes
(25 avril 2006)

Bernard-Jean, dont je suis le voisin de cabine, vient m’annoncer que nous abordons la côte portugaise. En me préparant pour monter au bridge je lève machinalement les yeux vers les hublots. Quelle n’est pas ma surprise de voir s’y inscrire le front de mer de LISBOA. Puisque ma cabine donne sur la poupe, ça veut dire que le bateau pointe vers le large. Je monte donc aux nouvelles sur la passerelle où le pilote local vient d’arriver. De l’avis de Bernard-Jean, nous allons contourner une bouée pour rentrer dans l’estuaire du Tage, ce qui expliquerait notre position.

Un pont plus loin

Le temps est très ensoleillé et pourtant c’est d’une brume de mer qu’émergent petit à petit les deux piles du déjà célèbre pont du … 25 avril (c’est aujourd’hui !). Le pont est suspendu entre les deux rives du TAGE éloignées à cet endroit de plus de 2 km. Le terminal conteneur étant situé au-delà du pont par rapport à la pleine mer, nous pouvons admirer l’ouvrage tout à loisir puisque nous passons dessous.

Permission d’enfants sages

Nous accostons aux docks de l’ALCANTARA situés à égale distance du centre ville et du quartier de BELEM. Nous pensons avoir du temps pour la visite et pour dîner tipico dans la capitale, mais le Commandant nous douche froid en nous apprenant que les opérations à quai seront de courte durée. Nous devons être de retour à bord à 6H (du soir !). De ce fait, nous n’avons qu’une poignée d’heures devant nous. Deux taxis nous amènent au ROSSIO, en bas de l’avenue de la liberté, où se trouve l’information tourisme. Nous sommes très mal renseignés par des employés aussi aimables que des portes de prison à l’époque de la dictature de SALAZAR. Du coup, nous perdons de longues et précieuses minutes à attendre des bus qui n’arriveront jamais.

Œillets rouges

Sur la place, dans les rues, l’ambiance est à la fête. On commémore la révolution. Partout, des marchands à la sauvette vendent des œillets rouges. D’ici de là, des sonos diffusent des chansons et des danses traditionnelles. Visiblement, une manifestation-défilé se prépare. Nous voyons passer beaucoup de gens avec des banderoles pliées. Nous attendons toujours quand surviennent deux policiers en moto qui barrent l’accès à la place et détournent la circulation. Je m’avance vers eux et leur demande, en espagnol, si les bus pourront passer. Ils me répondent en portugais que non.

Conducteur de bus


Christine et wally partent de leur côté, Helga a disparu, happée par un glacier/chocolatier. Bernard-Jean et moi faisons donc mouvement en direction des rues piétonnes qui déroulent sous nos semelles leurs pavés multicolores. C’est le quartier du BAIXA, extrêmement animé à cette heure festive, situé entre l’opéra et la place du commerce. Finalement, par hasard, la petite troupe se reforme au terminal de TAGUS TOUR où stationnent les bus genre "Paris vision" avec impériale en plein air et commentaires par écouteurs individuels en plusieurs langues. Pour une visite d’ensemble, c’est le moyen idéal.

Nous attendons de monter dans le bus quand un groupe de Canadiennes survient. L’une me demande en anglais si elles peuvent m’acheter les tickets. Aucun doute, elles me prennent pour le chauffeur. Je réponds, toujours en anglais, que pour les tickets c’est juste derrière, dans un bus publicitaire. Elles s’exécutent et reviennent en me présentant les pass. C’est à ce moment là que je leur dis que unfortunately I’m not the driver (malheureusement je ne suis pas le chauffeur), que je suis un touriste et que je suis en tête de la file d’attente. Bernard-jean abonde en français. Du coup, les canadiennes se marrent et changent de langue. Elles nous apprennent qu’elles viennent de Toronto. L’une d’entre elles, celle de la méprise, connaît très bien Lourdes et la côte basque. Le fonctionnaire en uniforme survient juste après.

Lisboa

Sous un chaud soleil (il fait 25°C), le bus s’ébranle pour une promenade de 1H40 dans tous les quartiers de la capitale. Nous traversons beaucoup de places souvent pourvues d’imposantes statues, longeons de luxuriants et exotiques jardins publics, côtoyons de belles églises dont la très
fine basilica DA ESTRELLA.

La deuxième partie de la visite nous amène au quartier de BELEM où se trouvent le monument de "la Découverte", œuvre contemporaine sur la rive du Tage qui rappelle que ce sont les Portugais qui ont découvert le monde à l’âge moderne, la tour de BELEM déjà beaucoup plus ancienne, et le monastère DOS JERONIMOS que par manque de temps nous ne pouvons hélas visiter (il y a foule alentours). Je remarque dans ce quartier beaucoup d’immeubles anciens couverts d’azulejos. La plupart sont cependant en mauvais état.

Lumière sans le son

Nous n’avons eu qu’une rapide vision de la ville. C’est un peu frustrant mais, en cargo, c’est la règle du jeu. Nous sommes cependant dédommagés par un appareillage à la nuit tombante. Le pont du "25 avril", la monumentale statue du Christ qui le domine sur la rive opposée et toute la ville se mettent petit à petit à scintiller. Quand le HUDSON quitte lentement l’estuaire du Tage, l’embrasement de lumière est à son maximum. Nous restons muets d’admiration.

Une magnifique fête pour la transatlantique qui commence.