V2V TRIP

Du vignoble du Jurançon aux vignobles de la Californie, traversée d'un océan en cargo et d'un continent en vélo. From Jurançon vineyard to Napa Valley vineyard, through the Atlantic ocean by cargo ship and from New York to San Francisco by bicycle.

La Pâque
(
23 avril 2006)

Constantin

Le stewart se prénomme CONSTANTIN. Physiquement, je trouve qu’il ressemble un peu à MASTROIANI, en beaucoup moins beau d’après HELGA qui est une vivante encyclopédie du cinéma. Poli sans être obséquieux, souriant et doux, CONSTANTIN ne paraît chagriné que lorsqu’on lui refuse un plat par manque d’appétit. Le premier jour, CHRISTINE m’a dit qu’il parlait français. En fait, ses connaissances se limitent à « bonjour », « au revoir », et surtout « bon appétit » ce qui pour un stewart doit se révéler assez souvent utile.

Ce matin, au petit déjeuner, CONSTANTIN apparaît vêtu d’une superbe chemise blanche en strass. Devant le murmure d’admiration qu’il provoque, il explique que c’est aujourd’hui la Pâque orthodoxe. D’ailleurs nous sommes tous, équipage inclus, invités à midi par le Commandant. Vous vous demandez comment nous pouvons comprendre tout ça avec trois expressions françaises, un peu de mauvais anglais et pas mal de roumain : ce sont les mystères de la communication.

De fait, à 11H30, CONSTANTIN et sa chemise apparaissent dans l’encadrement de ma porte. Le stewart me fait signe de le suivre au salon des officiers.

Le rouge et le vert

Le bar a ouvert toutes ses bouteilles et des plateaux de toasts traditionnels couvrent les tables. Mais l’insolite, qui attire tout de suite l’attention, ce sont les œufs peints en rouge ou en vert qui
remplissent plusieurs corbeilles. En ROUMANIE, la tradition veut que le repas de Pâques commence par des œufs durs ainsi colorés. D’après le second mécanicien (qui s’exprime dans un excellent français appris à l’école navale), le colorant est sans danger. De toute façon, lui dis-je, en ce qui me concerne, que ce soit pour les œufs ou pour les huîtres, je ne suis pas friand de coquilles.

No pain, no gain (pas de travail, pas de salaire)

Le sujet des œufs épuisé, le jeune officier mécanicien me dit qu’il travaille sur le bateau depuis huit ans. Il a beaucoup progressé dans notre langue en côtoyant dans les premiers temps un Commandant et des officiers qui étaient tous français. Par la suite, les officiers roumains les ont remplacés. Le rythme de travail est le même (trois mois et demi de mer, un mois et demi à la maison). Seule différence, les Roumains ne sont payés que pour le temps de mer ; ils sont un peu dans la même situation qu’un travailleur intérimaire. Les Français, eux, étaient payés toute l’année. Malgré tout, les salaires perçus sont élevés par rapport au niveau de vie de la Roumanie.

Mondialisation

Résumons-nous. Le HUDSON bat pavillon panaméen. Un équipage international permet à l’armateur d’en réduire les coûts salariaux. Le navire assure la ligne entre deux continents. Il transporte des
marchandises venues de l’autre bout du monde : de mon hublot, j’aperçois les conteneurs « CHINA SHIPPING » et « EVERGREEN ». Et bien, on ne peut pas dire que ce voyage nous coupe des réalités de la macro-économie !

Agneau pascal (bis)

Après les œufs et les toasts, nous passons à table pour le deuxième repas pascal en huit jours et, en ce qui me concerne, le deuxième agneau d’affilée. Même s’il n’a rien du gigot haricots qu’Hélène a
merveilleusement réussi la semaine précédente (où va se nicher la tradition religieuse !) le menu ne manque ni de saveur ni de dépaysement : macédoine et pâté en gelée, soupe d’agneau (un bouillon où baignent les morceaux de viande), agneau grillé et petits légumes. Après le fromage, nous n’irons quand même pas jusqu’à l’agneau à la menthe mais il y aura, pour mes compagnons des gâteaux traditionnels, et pour tous fruits et café.

A 15H passées, je regagne ma cabine. Comme dit Léo WOODLAND : happy days.